Le Camp du Drap d'Or - du 7 au 14 juin 1520

Cette célèbre rencontre entre François 1er,
Roi de France et Henri III, Roi d'Angletette eu lieu entre Ardres
et Guînes, deux localité du Pas de Calais. De très nombreux témoins
et participants on décrit les faste de cette rencontre.
Voici
le temoignage de Robert de La Mark
L'an subséquent 1520, par le moyen de l'amiral de Bonnivet, lequel avoit le maniement des affaires du Roy depuis le trespas du grand maistre de Boisy son frère et du cardinal d'Iore, qui avoit la supérintendence des affaires du roy d'Angleterre, fut accordée une entreveuë entre leurs deux Majestez, à celle fin qu'en personne ils peussent confirmer l'amitié faicte entre eux par leurs députez. Et fut pris jour auquel le Roy se trouveroit à Ardres et le roy d'Angleterre à Guines; puis par leurs députez fut ordonné un lieu, my-chemin d'Ardres et Guines, où les deux princes se devoient rencontrer. Ledit jour de la Feste-Dieu, au lieu ordonné, le Roy et le roy d'Angleterre, montez sur chacun un cheval d'Espagne, s'entre-abordèrent, accompagnez, chacun de sa part, de la plus grande noblesse que l'on eust veu cent ans auparavant ensemble, estans en la fleur de leurs aages, et estimez les deux plus beaux princes du monde, et autant adroits en toutes armes, tant à pied qu'a cheval. Je n'ay que faire de dire la magnificence de leurs accoustremens puisque leurs serviteurs en avoient en si grande superfluité, qu'on nomma ladite assemblée le camp de Drap d'Or. Ayans faict leurs accollades a cheval descendirent en un pavillon ordonné pour cest effect, ayant le Roy seulement avecques luy l'amiral de Bonnivet et le chancelier Du Prat et quelque autre de son conseil, et le roy d'Angleterre, le cardinal d'York, le duc de Norfolk et le duc de Suffolk. Où, après avoir devisé de leurs affaires particulières, conclurent que audit lieu se feroient lisses et eschaffaulx, où se feroit un tournoy, estans délibérez de passer leur temps en déduit et choses de plaisir, laissans négocier leurs affaires à ceux de leur conseil, lesquels de jour en autre leur faisoient rapport de ce qui avoit esté accordé. Par douze ou quinze jours coururent tes deux princes l'un contre l'autre et se trouva audit tournoy grand nombre de bons hommes-d'armes, ainsi que vous pouvez estimer; car il est à présumer qu'ils n'amenèrent pas des pires. Ce faict, le roy d'Angleterre festoya le Roy, près de Guines, en un logis de bois où y avoit quatre corps de maison, qu'il avoit faict charpenter en Angleterre, et amener par mer toute faicte; et estoit couverte de toille peinte en forme de pierre de taille, puis tendue par dedans des plus riches tapisseries qui se peurent trouver, en sorte qu'on ne l'eust peu juger autre sinon un des beaux bastimens du monde et estoit le dessein pris sur la maison des marchands à Calaiz. La maison, estant après désassemblée, fut l'envoyée en Angleterre, sans y perdre que la voiture.

Le lendemain, le Roy devoit festoyer le roy d'Angleterre près Ardres, où il avoit faict dresser un pavillon ayant soixante pieds en quarté le dessus de drap d'or frizé, et le dedans doublé de veloux bleu, tout semé de fleurs de lis de broderie d'or de Chypre, et quatre autres pavillons aux quatre coings, de pareille despense et estoit le cordage de fil d'or de Chypre et de soye bleue turquine, chose fort riche. Mais le vent et la tourmente vint telle, que tous les cables et cordages rompirent, et furent lesdites tentes et pavillons portez par terre de sorte que le Roy fut contrainct de changer d'opinion, et fit faire en grande diligence un lieu pour faire le festin, où de présent y a un boullevart nommé le boullevart du Festin. Je ne m'arresteray à dire les grands triomphes et festins qui se firent là, ny la grande dcspense superflue, car il ne se peult estimer tellement que plusieurs y portèrent leurs moulins, leurs forests et leurs prez sur leurs espaules. Après lesquels festins et tournois, le Roy se retira à Boulongnc, et le roy d'Angleterre à Calaiz. Toutes gens de bon jugement ne pouvoient penser de veoir jamais inimitié entre ces deux princes mais estant le roy d'Angleterre de retour à Calaiz adverty comme l'esleu Empereur estoit arrivé en Angleterre, venant d'Espagne, s'embarqua et le fut trouver à Cantorbéry, puis s'en vint à Calaiz et à Gravelines, en telle fraternité comme il avoit faict avec le Roy où fut accordé entre eux que là où le Roy et l'Empereur tomberoient en quelque différend, il seroit arbitre et celuy qui ne voudroit tenir son arbitrage, il se pourroit déclarer contre luy chose contraire aux accords qu'il avoit fait avec nostre Roy. Puis s'en retourna l'Empereur en Flandres et le roy d'Angleterre en Angleterre.

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